Le 30 janvier  2007 
                    
                  L’Honorable  Stockwell Day 
                    Ministre de la Sécurité publique 
                    Chambre des Communes 
                    Ottawa, ON, K1A 0A6 
                  Monsieur le Ministre, 
                              Je vous écris au nom du Conseil canadien  pour les réfugiés afin de solliciter votre attention urgente sur les conditions  de détention de trois personnes détenues en vertu de certificats de sécurité au  Centre de surveillance de l’Immigration de Kingston. 
                              Fort de son mandat de promotion des  droits des réfugiés et des immigrants au Canada, le Conseil canadien pour les réfugiés  exprime depuis longtemps ses inquiétudes en ce qui a trait aux certificats de  sécurité, qui sont à notre avis fondamentalement injustes, notamment à cause  d’un recours à des preuves non divulguées. Le fait que ce procédé implique une  déportation éventuelle vers un danger de torture ne fait qu’accroître notre  préoccupation envers ce processus déficient. En outre, les règles relatives à  la détention des personnes en vertu d’un certificat de sécurité, y compris la  détention obligatoire dans le cas des individus n’ayant pas la  résidence permanente, impliquent également la  violation de droits fondamentaux. Il est très inquiétant que Mohammad Mahjoub,  Mahmoud Jaballah et Hassan Almrei aient tous trois été détenus depuis plus de  cinq ans, malgré le fait qu’ils n’aient pas été formellement accusés d’un  crime. Nous continuons à recommander à votre gouvernement d’éliminer ou, du  moins, de réformer le processus de certificats de sécurité afin de respecter  les principes de justice fondamentale. 
                              En attendant, nous vous demandons  d’améliorer, sans délai, les conditions de détention des personnes au Centre de  surveillance de l’Immigration de Kingston. Rien dans les lois actuelles ne  demande que les personnes détenues en vertu de la loi sur l’immigration soient  sujettes à un régime de détention particulier, quel qu’il soit : au  contraire, en tant que personnes n’étant ni accusées ni reconnues coupables  d’un crime, ces détenus ne devraient pas faire l’objet de contraintes excédant  celles nécessaires à leur maintien en détention. Pour les personnes détenues  pour des périodes exceptionnellement longues, comme c’est le cas des détenus en  vertu de certificats de sécurité, il incombe au gouvernement d’atténuer les  rigueurs de la détention – autant que cela est possible – par le biais d’une  amélioration des conditions de détention. 
                              Dans ce contexte, nous sommes  choqués par les rapports sur les conditions de détention des détenus du Centre  de surveillance de l’Immigration de Kingston, plus particulièrement en ce qui a  trait à leur santé et à leurs besoins médicaux, qui sont gravement négligés.  Nous observons que nombre des demandes exprimées par ces détenus pourraient  être satisfaites sans coût ou inconvénient pour le gouvernement (par exemple, cesser  le décompte des personnes dans une institution comptant seulement trois  détenus, permettre aux détenus de porter leurs propres vêtements, leur permettre  de faire des appels avec des cartes à frais modiques). Si ces questions sont  insignifiantes du point de vue du gouvernement, elles ont cependant un impact  énorme sur les détenus, comme le montre le fait que ces derniers aient  entrepris une grève de la faim afin d’appuyer leurs demandes. Nous soulignons  également que nous attendons du gouvernement canadien qu’il respecte la liberté  d’expression et le rôle des médias dans une société démocratique en autorisant  aux détenus un accès entier et libre aux médias. 
                              Nous nous joignons donc aux détenus  et nombre d’autres organismes en vous demandant de répondre de manière immédiate  et positive aux demandes de ces détenus, y compris par la désignation d’une  tierce partie neutre qui assurerait une médiation continue entre les détenus et  les responsables de l’administration du centre de surveillance. 
                  Je vous  prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma consideration  respectueuse. 
                    
                    
                  Elizabeth McWeeny 
                    Présidente 
                  cc.   L’honorable  Diane Finley, Ministre de la   Citoyenneté et de l’Immigration 
  Alain Jolicoeur, Président, Agence des services frontaliers  du Canada 
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