Les longs retards au bureau des visas de Nairobi dénoncés

2 novembre 2009 - Le Conseil canadien pour les réfugiés publie aujourd’hui le rapport Nairobi : protection retardée, protection refusée, qui met en évidence les délais de traitement excessivement longs au bureau des visas de Nairobi.  Le rapport est centré sur les cas de réunification familiale des réfugiés ainsi que de réfugiés parrainés par le secteur privé.

« Les longs retards à Nairobi sont totalement inacceptables » a déclaré Elizabeth McWeeny, présidente du Conseil canadien pour les réfugiés. « Les réfugiés ont besoin de protection : les longs retards font que la protection leur est refusée.  Les enfants se trouvent souvent dans une situation de vulnérabilité lorsqu’ils attendent la réunification avec leurs parents au Canada.  Plus l’attente est longue, plus la sécurité, la santé et même la vie des réfugiés est en péril. Nous demandons au gouvernement de se concentrer de toute urgence sur la résolution de ce grave problème. »

Le rapport du CCR fournit des statistiques montrant l’ampleur du problème à Nairobi, dans l’absolu et en comparaison avec les autres bureaux des visas, notamment :

  • Le traitement de la moitié des cas de personnes à charge des réfugiés à Nairobi prend plus de 23 mois (comparé à 14 mois globalement).
  • Le traitement de la moitié des cas de parrainage privé de réfugiés à Nairobi prend plus de 42 mois (comparé à 19 mois globalement).
  • Les délais de traitement pour les personnes à charge des réfugiés à Nairobi étaient de 15 mois il y a trois ans et sont maintenant de 23 mois.
  • Les délais de traitement à Nairobi pour les réfugiés parrainés par le secteur privé étaient de 31 mois il y a trois ans et sont maintenant de 42 mois.
  • 24% des dossiers en attente de personnes à charge de réfugiés dans le monde sont à Nairobi.
  • 30% des dossiers en attente de réfugiés parrainés par le secteur privé dans le monde sont à Nairobi.

Le rapport présente également le portrait de certaines personnes touchées par les retards importants.

  • Amina et ses trois enfants, réfugiés éthiopiens, attendent depuis plus de 5 ans le traitement de leur demande de parrainage privé. Entre temps, le mari d’Amina est mort du paludisme dans le camp de réfugiés de Kakuma.

    Extrait d’un message d’Amina : « Je vis dans des conditions intolérables dans un camp de réfugiés, à la recherche de paix et de sécurité, espérant qu’un jour je vais pouvoir élever mes enfants dans un environnement sécuritaire. Étant donné les conditions décrites plus haut, pourriez-vous m’aider à faire avancer mon dossier afin de conclure mon processus d’immigration? »

  • Walter, Jackson et Violette sont des orphelins congolais qui attendent depuis plus de cinq ans de venir rejoindre leur grand frère au Canada.  Ils vivent depuis 10 ans dans un camp de réfugiés.
  • Lisa, âgée de 14 ans, et son frère Jordan, 10 ans, viennent d’être réunis avec leur mère, une réfugiée au Canada.  Le traitement de leur demande de réunification familiale a pris 5 ans.
  • Sylvie et son mari, tous les deux réfugiés au Canada, attendant toujours d’être réunis avec leurs enfants qui sont restés au Congo.  Il y a plus de trois ans, on les a informé que le dossier de leurs enfants seraient traité à Nairobi.

[Tous les noms sont fictifs afin de protéger la vie privée des personnes.]

« Dans notre travail quotidien, nous sommes témoins des effets dévastateurs des retards extrêmement longs pour la réunification familiale » a déclaré Mahad Yusuf, directeur de l’organisme Midaynta Community Services à Toronto. « Plusieurs de nos clients sont somaliens : les retards à Nairobi font en sorte que la réunification familiale devient presque impossible pour notre communauté. »

« Le bureau des visas de Nairobi traite les demandes de certaines des populations de réfugiés les plus vulnérables dans le monde » a déclaré Fikre Tsehai, directeur du Programme des réfugiés, au Canadian Lutheran World Relief, un organisme qui parraine des réfugiés. « En fait, le gouvernement a annoncé que la Corne de l’Afrique constitue une priorité pour les opérations de réinstallation du Canada. Et pourtant, les longs retards au bureau des visas non seulement contredisent cette priorité, mais dénotent également un manque d’équité et de compassion envers les réfugiés. Les longs retards sont également devenus une source de frustration pour nos membres qui désirent parrainer des réfugiés. CIC doit traiter cette question de façon urgente et apporter des solutions. »

Le bureau des visas de Nairobi couvre 18 pays, dont la République démocratique du Congo, l’Ethiopie, l’Erythrée, l’Ouganda, la Somalie et la Tanzanie. Un grand nombre de réfugiés vivent dans cette région.

Le rapport Nairobi : protection retardée, protection refusée est disponible à http://www.ccrweb.ca/documents/Nairobirapport.pdf

Contact :
Colleen French, coordonnatrice de la communication du CCR, (514) 277-7223 poste 1